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Rimbaud : naissance de la modernité poétique

"Venus anadyomène", documents iconographiques

textes complémentaires : des textes clefs pour définir la poésie

programme de travail

liens : Rimbaud sur "la toile"

 

textes complémentaires : 

qu'est-ce que la poésie ? 

 

au commencement ... le poète antique, Grèce, VIe siècle avant J-C.

Hésiode, Théogonie

[1] Avant tout chantons les Muses Hélikoniades qui du Hélikôn, habitent la grande et sainte montagne, et, de leurs pieds légers, autour de la Fontaine violette et de l'autel du très-puissant Kroniôn, blondissent ; et qui, dans le Permessos ayant lavé leur corps délicat, ou dans la Hippoukrènè, ou dans l'Olmios sacré, au faîte du Hélikôn mènent les danses belles et désirables, et agitent les pieds avec force.
De là, se précipitant, enveloppées d'un air épais, [10] elles vont dans la nuit, élevant leur belle voix et louant Zeus tempêtueux et la vénérable Hèrè, l'Argienne, qui marche avec des sandales dorées: et la fille de Zeus tempêtueux, Athènè aux yeux clairs, et Phoibos Apollôn, et Artémis joyeuse de ses flèches, et Poseidaôn qui contient la terre et qui la secoue, et Thémis la vénérable, et Aphroditè aux paupières arrondies, et Hèbè ornée d'une couronne d'or, et la belle Diônè, et Éôs, et le grand Hèlios, et la luisante Sélènè, et Létô, et Iapétos, et le subtil Kronos, [20] et Gaia, et le grand Okéanos, et la noire Nyx, et la race sacrer des autres Immortels qui vivent toujours.
Autrefois, à Hésiodos elles enseignèrent un beau chant, tandis que, sous le Hélikôn sacré, il paissait ses agneaux. Et d'abords elles me parlèrent ainsi, ces Déesses, les Muses Olympiades, filles de Zeus tempêtueux :
- Pasteurs, qui dormez en plein air, race vile, qui n'êtes que des ventres, nous savons dire des mensonges nombreux semblables aux choses vraies, mais nous savons aussi, quand il nous plaît, dire la vérité.
Ainsi parlèrent les Filles véridiques du grand Zeus, et [30] elles me donnèrent un sceptre, un rameau de vert laurier admirable à cueillir ; et elles m'inspirèrent une voix divine, afin que je pusse dire les choses passées et futures ; et elles m'ordonnèrent de chanter la race des heureux Immortels, mais, elles-mêmes, de toujours les chanter au commencement et à la fin.

 

 

Aristote, comparaison de la poésie et de l’histoire, Athènes, IVe siècle av. J.C.  :

Poétique, IX, 1-4

 

. Il est évident, d'après ce qui précède, que l'affaire du poète, ce n'est pas de parler de ce qui est arrivé, mais bien de ce qui aurait pu arriver et des choses possibles, selon la vraisemblance ou la nécessité.
II. En effet, la différence entre l'historien et le poète ne consiste pas en ce que l'un écrit en vers, et l'autre en prose. Quand l'ouvrage d'Hérodote serait écrit en vers, ce n'en serait pas moins une histoire, indépendamment de la question de vers ou de prose. Cette différence consiste en ce que l'un parle de ce qui est arrivé, et l'autre de ce qui aurait pu arriver.
III. Aussi la poésie est quelque chose de plus philosophique et de plus élevé que l'histoire ; car la poésie parle plutôt de généralités, et l'histoire de détails particuliers.
IV. Les généralités, ce sont les choses qu'il arrive à tel personnage de dire ou de faire dans une condition donnée, selon la vraisemblance ou la nécessité, et c'est à quoi réussit la poésie, en imposant des noms propres. Le détail particulier c'est, par exemple, ce qu'a fait Alcibiade ou ce qui lui a été fait.

 

Scudéry, « La nymphe endormie »,  

Poète classique, du XVIIe

Vous faites trop de bruits, Zéphire, taisez-vous,
Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
Et si le vent se tait, faites la même chose.

Mon coeur sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de corail, qui n'est qu'à demi close,
Dont l'haleine innocente est un parfum plus doux
Que l'esprit de jasmin, de musc, d'ambre et de rose.

Ah que ces yeux fermés ont encor d'agrément !
Que ce sein demi-nu s'élève doucement !
Que ce bras négligé nous découvre de charmes !

Ô Dieux, elle s'éveille, et l'Amour irrité
Qui dormait auprès d'elle a déjà pris les armes
Pour punir mon audace et ma témérité.

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Nicolas Boileau, Art poétique, chant I  (1674)

  Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme1.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse;
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit, que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu;
Que le début, la fin répondent au milieu;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties :
Que jamais du sujet le discours s'écartant
N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Craignez-vous pour vos vers la censure publique?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.

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Victor Hugo, poète romantique, XIXe siècle

 

Préface des Contemplations

« Si un auteur pouvait avoir quelque droit d'influer sur la disposition d'esprit des lecteurs qui ouvrent son livre, l'auteur des Contemplations se bornerait à dire ceci: Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d'un mort.

Vingt-cinq années sont dans ces deux volumes. Grande mortalis aevi spatium. L'auteur a laissé, pour ainsi dire, ce livre se faire en lui. La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances, l'a déposé dans son coeur. Ceux qui s'y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s'est lentement amassée là, au fond d'une âme.

Qu'est-ce que les Contemplations? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme.

Ce sont, en effet, toutes les impressions, tous les souvenirs, toutes les réalités, tous les fantômes vagues, riants ou funèbres, que peut contenir une conscience, revenus et rappelés, rayon à rayon, soupir à soupir, et mêlés dans la même nuée sombre. C'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu "au bord de l'infini". Cela commence par un sourire, continue par un sanglot, et finit par un bruit du clairon de l'abîme.

Une destinée est écrite là jour à jour.

Est-ce donc la vie d'un homme? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas? Ah! insensé, qui crois que je ne suis pas toi!

Ce livre contient, nous le répétons, autant l'individualité du lecteur que celle de l'auteur. Homo sum. Traverser le tumulte, la rumeur, le rêve, la lutte, le plaisir, le travail, la douleur, le silence; se reposer dans le sacrifice, et, là, contempler Dieu; commencer à Foule et finir à Solitude, n'est-ce pas, les proportions individuelles réservées, l'histoire de tous?

On ne s'étonnera donc pas de voir, nuance à nuance, ces deux volumes s'assombrir pour arriver, cependant, à l'azur d'une vie meilleure. La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s'effeuille page à page dans le tome premier, qui est l'espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil. Quel deuil? Le vrai, l'unique: la mort; la perte des être chers.

Nous venons de le dire, c'est une âme qui se raconte dans ces deux volumes. Autrefois, Aujourd'hui. Un abîme les sépare, le tombeau.

V. H. »

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« Réponse à un acte d’accusation », Les Contemplations

VII. Réponse à un acte d'accusation

Donc, c'est moi qui suis l'ogre et le bouc émissaire.

Dans ce chaos du siècle où votre coeur se serre,

J'ai foulé le bon goût et l'ancien vers françois

Sous mes pieds, et, hideux, j'ai dit à l'ombre: "Sois!"

Et l'ombre fut. - Voilà votre réquisitoire.

Langue, tragédie, art, dogmes, conservatoire,

Toute cette clarté s'est éteinte, et je suis

Le responsable, et j'ai vidé l'urne des nuits.

De la chute de tout je suis la pioche inepte;

C'est votre point de vue. Eh bien, soit, je l'accepte;

C'est moi que votre prose en colère a choisi;

Vous me criez: Racca; moi, je vous dis: Merci!

Cette marche du temps, qui ne sort d'une église

Que pour entrer dans l'autre, et qui se civilise;

Ces grandes questions d'art et de liberté,

Voyons-les, j'y consens, par le moindre côté,

Et par le petit bout de la lorgnette. En somme,

J'en conviens, oui, je suis cet abominable homme;

Et, quoique, en vérité, je pense avoir commis

D'autres crimes encor que vous avez omis,

Avoir un peu touché les questions obscures,

Avoir sondé les maux, avoir cherché les cures,

De la vieille ânerie insulté les vieux bâts,

Secoué le passé du haut jusques en bas,

Et saccagé le fond tout autant que la forme,

Je me borne à ceci: je suis ce monstre énorme

Je suis le démagogue horrible et débordé,

Et le dévastateur du vieil A B C D;

Causons.

Quand je sortis du collège, du thème,

Des vers latins, farouche, espèce d'enfant blême

Et grave, au front penchant, aux membres appauvris;

Quand, tâchant de comprendre et de juger, j'ouvris

Les yeux sur la nature et sur l'art, l'idiome,

Peuple et noblesse, était l'image du royaume;

La poésie était la monarchie; un mot

Etait un duc et pair, ou n'était qu'un grimaud;

Les syllabes, pas plus que Paris et que Londres,

Ne se mêlaient; ainsi marchent sans se confondre

Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf;

La langue était l'Etat avant quatre-vingt-neuf;

Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes;

Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,

Les Méropes, ayant le décorum pour loi,

Et montant à Versaille aux carrosses du roi;

Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,

Habitant les patois; quelques-uns aux galères

Dans l'argot; dévoués à tous le genres bas,

Déchirés en haillons dans les halles; sans bas,

Sans perruque; créés pour la prose et la farce;

Populace du style au fond de l'ombre éparse;

Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef

Dans le bagne Lexique avait marqués d'une F;

N'exprimant que la vie abjecte et familière,

Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.

Racine regardait ces marauds de travers;

Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,

Il le gardait, trop grand pour dire: Qu'il s'en aille;

Et Voltaire criait: Corneille s'encanaille

Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.

Alors, brigand, je vins; je m'écriai: Pourquoi

Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière?

Et sur l'Académie, aïeule et douairière,

Cachant sous ses jupons les tropes effarés,

Et sur les bataillons d'alexandrins carrés,

Je fis souffler un vent révolutionnaire.

Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.

Plus de mot sénateur! plus de mot roturier!

Je fis une tempête au fond de l'encrier,

Et je mêlai, parmi les ombres débordées,

Au peuple noir des mots l'essaim blanc des idées;

Et je dis: Pas de mot où l'idée au vol pur

Ne puisse se poser, tout humide d'azur!

Discours affreux! - Syllepse, hypallage, litote,

Frémirent; je montai sur la borne Aristote,

Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.

Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,

Tous ces tigres, le Huns, les Scythes et les Daces,

N'étaient que des toutous auprès de mes audaces;

Je bondis hors du cercle et brisai le compas.

Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas?

Guichardin a nommé le Borgia! Tacite

Le Vitellius! Fauve, implacable explicite,

J'ôtai du cou du chien stupéfait son collier

D'épithètes; dans l'herbe, à l'ombre du hallier,

Je fis fraterniser la vache et la génisse,

L'une étant Margoton et l'autre Bérénice.

Alors, l'ode, embrassant Rabelais, s'enivra;

Sur le sommet du Pinde on dansait Ça ira;

Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole;

L'emphase frissonna dans sa fraise espagnole;

Jean, l'ânier, épousa la bergère Myrtil.

On entendit un roi dire: "Quelle heure est-il?"

Je massacrai l'albâtre, et la neige, et l'ivoire,

Je retirai le jais de la prunelle noire,

Et j'osai dire au bras: Sois blanc, tout simplement.

Je violai du vers le cadavre fumant;

J'y fis entrer le chiffre; ô terreur! Mithridate

Du siège de Cyzique eût pu citer la date.

Jours d'effroi! les Laïs devinrent des catins.

Force mots, par Restaut peignés tous les matins,

Et de Louis-Quatorze ayant gardé l'allure,

Portaient encor perruque; à cette chevelure

La Révolution, du haut de son beffroi,

Cria: "Transforme! c'est l'heure. Remplis-toi

De l'âme de ces mots que tu tiens prisonnière!"

Et la perruque alors rugit, et fut crinière.

Liberté! c'est ainsi qu'en nos rébellions,

Avec des épagneuls nous fîmes des lions,

Et que, sous l'ouragan maudit que nous soufflâmes,

Toutes sortes de mots se couvrirent de flammes.

J'affichai sur Lhomond des proclamations.

On y lisait: "Il faut que nous en finissions!

Au panier les Bouhours, les Batteux, les Brossettes!

A la pensée humaine ils ont mis les poucettes.

Aux armes, prose et vers! formez vos bataillons!

Voyez où l'on en est: la strophe a des bâillons!

L'ode a les fers aux pieds, le drame est en cellule.

Sur la Racine mort le Campistron pullule!"

Boileau grinça des dents; je lui dis: Ci-devant,

Silence! et je criai dans la foudre et le vent:

Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe!

Et tout quatre-vingt-treize éclata. Sur leur axe,

On vit trembler l'athos, l'ithos et le pathos.

Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos,

Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue,

Des ondes du Permesse emplirent leur seringue.

La syllabe, enjambant la loi qui la tria,

Le substantif manant, le verbe paria,

Accoururent. On but l'horreur jusqu'à la lie.

On les vit déterrer le songe d'Athalie;

Ils jetèrent au vent le cendres du récit

De Théramène; et l'astre Institut s'obscurcit.

Oui, de l'ancien régime ils ont fait tables rases,

Et j'ai battu des mains, buveur du sang des phrases,

Quand j'ai vu par la strophe écumante et disant

Les choses dans un style énorme et rugissant,

L'Art poétique pris au collet dans la rue,

Et quand j'ai vu, parmi la foule qui se rue,

Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit,

La lettre aristocrate à la lanterne esprit.

Oui, je suis ce Danton! je suis ce Robespierre!

J'ai, contre le mot noble à la longue rapière,

Insurgé le vocable ignoble, son valet,

Et j'ai, sur Dangeau mort, égorgé Richelet.

Oui, c'est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.

J'ai pris et démoli la bastille des rimes.

J'ai fait plus: j'ai brisé tous les carcans de fer

Qui liaient le mot peuple, et tiré de l'enfer

Tous les vieux mots damnés, légions sépulcrales;

J'ai de la périphrase écrasé les spirales,

Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel

L'alphabet, sombre tour qui naquit de Babel;

Et je n'ignorais pas que la main courroucée

Qui délivre le mot, délivre la pensée.

L'unité, des efforts de l'homme est l'attribut.

Tout est la même flèche et frappe au même but.

Donc, j'en conviens, voilà, déduits en style honnête,

Plusieurs de mes forfaits, et j'apporte ma tête.

Vous devez être vieux, par conséquent, papa,

Pour la dixième fois j'en fais meâ culpâ.

Oui, si Beauzée est dieu, c'est vrai, je suis athée.

La langue était en ordre, auguste, époussetée,

Fleurs-de-lis d'or, Tristan et Boileau, plafond bleu,

Les quarante fauteuils et le trône au milieu;

Je l'ai troublée, et j'ai, dans ce salon illustre,

Même un peu cassé tout; le mot propre, ce rustre,

N'était que caporal: je l'ai fait colonel;

J'ai fait un jacobin du pronom personnel,

Du participe, esclave à la tête blanchie,

Une hyène, et du verbe une hydre d'anarchie.

Vous tenez le reum confitentem. Tonnez!

J'ai dit à la narine: Eh mais! tu n'es qu'un nez!

J'ai dit au long fruit d'or: Mais tu n'es qu'une poire!

J'ai dit à Vaugelas: Tu n'es qu'une mâchoire!

J'ai dit aux mots: Soyez république! soyez

La fourmilière immense, et travaillez! Croyez,

Aimez, vivez! - J'ai mis tout en branle, et, morose,

J'ai jeté le vers noble aux chiens noirs de la prose.

Et, ce que je faisais, d'autres l'ont fait aussi;

Mieux que moi. Calliope, Euterpe au ton transi,

Polymnie, ont perdu leur gravité postiche.

Nous faisons basculer la balance hémistiche.

C'est vrai, maudissez-nous. Le vers, qui, sur son front

Jadis portait toujours douze plumes en rond,

Et sans cesse sautait sur la double raquette

Qu'on nomme prosodie et qu'on nomme étiquette,

Rompt désormais la règle et trompe le ciseau,

Et s'échappe, volant qui se change en oiseau,

De la cage césure, et fuit vers la ravine,

Et vole dans les cieux, alouette divine.

Tous les mots à présent planent dans la clarté.

Les écrivains ont mis la langue en liberté.

Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes,

Le vrai, chassant l'essaim des pédagogues tristes,

L'imagination, tapageuse aux cent voix,

Qui casse des carreaux dans l'esprit des bourgeois;

La poésie au front triple, qui rit, soupire

Et chante; raille et croit; que Plaute et que Shakspeare

Semaient, l'un sur la plebs, et l'autre sur le mob;

Qui verse aux nations la sagesse de Job

Et la raison d'Horace à travers sa démence;

Qu'enivre de l'azur la frénésie immense,

Et qui, folle sacrée aux regards éclatants,

Monte à l'éternité par les degrés du temps,

La muse reparaît, nous reprend, nous ramène,

Se remet à pleurer sur la misère humaine,

Frappe et console, va du zénith au nadir,

Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir

Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d'étincelles,

Et ses millions d'yeux sur ses millions d'ailes.

Le mouvement complète ainsi son action.

Grâce à toi, progrès saint, la Révolution

Vibre aujourd'hui dans l'air, dans la voix, dans le livre;

Dans le mot palpitant le lecteur la sent vivre;

Elle crie, elle chante, elle enseigne, elle rit.

Sa langue est déliée ainsi que son esprit.

Elle est dans le roman, parlant tout bas aux femmes.

Elle ouvre maintenant deux yeux où sont deux flammes,

L'un sur le citoyen, l'autre sur le penseur.

Elle prend par la main la Liberté, sa soeur,

Et la fait dans tout homme entrer par tous les pores.

Les préjugés, formés, comme les madrépores,

Du sombre entassement des abus sous les temps,

Se dissolvent au choc de tous les mots flottants,

Pleins de sa volonté, de son but, de son âme.

Elle est la prose, elle est vers, elle est le drame;

Elle est l'expression, elle est le sentiment,

Lanterne dans la rue, étoile au firmament.

Elle entre aux profondeurs du langage insondable;

Elle souffle dans l'art, porte-voix formidable;

Et, c'est Dieu qui le veut, après avoir rempli

De ses fiertés le peuple, effacé le vieux pli

Des fronts, et relevé la foule dégradée,

Et s'être faite droit, elle se fait idée!

Paris, janvier 1834

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Musset, La nuit de mai, poète romantique, XIXe siècle 

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du coeur ;
Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lents une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ;
En vain il a des mers fouillé la profondeur :
L'Océan était vide et la plage déserte ;
Pour toute nourriture, il apporte son coeur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.
Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,
Fatigué de mourir dans un trop long supplice,
Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ;
Alors il se soulève, ouvre son aile au vent
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu
Que les oiseaux des mers désertent le rivage
Et que le voyageur attardé sur la plage,
Sentant passer la mort, se recommande à Dieu.
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur.
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant
Mais il y pend toujours quelque goutte de sang.

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Gautier, Parnasse, deuxième moitié du XIXe siècle 

MADRIGAL PANTHÉISTE

 

 

Coré (oeuvre anonyme)

Dans le fronton d'un temple antique,
Deux blocs de marbre ont, trois mille ans,
Sur le fond bleu du ciel attique,
Juxtaposé leurs rêves blancs ;

Dans la même nacre figées,
Larmes des flots pleurant Vénus,
Deux perles au gouffre plongées
Se sont dit des mots inconnus ;

Au frais Généralife écloses,
Sous le jet d'eau toujours en pleurs,
Du temps de Boabdil, deux roses
Ensemble ont fait jaser leurs fleurs ;

Sur les coupoles de Venise
Deux ramiers blancs aux pieds rosés,
Au nid où l'amour s'éternise,
Un soir de mai se sont posés.

Marbre, perle, rose, colombe,
Tout se dissout, tout se détruit ;
La perle fond, le marbre tombe,
La fleur se fane et l'oiseau fuit.

En se quittant, chaque parcelle
S'en va dans le creuset profond
Grossir la pâte universelle
Faite des formes que Dieu fond.

Par de lentes métamorphoses,
Les marbres blancs en blanches chairs,
Les fleurs roses en lèvres roses
Se refont dans des corps divers.

Les ramiers de nouveau roucoulent
Au cœur de deux jeunes amants,
Et les perles en dents se moulent
Pour l'écrin des rires charmants.

De là naissent ces sympathies
Aux impérieuses douceurs,
Par qui les âmes averties
Partout se reconnaissent sœurs.

Docile à l'appel d'un arome
D'un rayon ou d'une couleur,
L'atome vole vers l'atome
Comme l'abeille vers la fleur.

L'on se souvient des rêveries
Sur le fronton ou dans la mer,
Des conversations fleuries
Près de la fontaine au flot clair,

Des baisers et des frissons d'ailes
Sur les dômes aux boules d'or,
Et les molécules fidèles
Se cherchent et s'aiment encor.

L'amour oublié se réveille,
Le passé vaguement renaît,
La fleur sur la bouche vermeille
Se respire et se reconnaît.

Dans la nacre où le rire brille,
La perle revoit sa blancheur
Sur une peau de jeune fille,
Le marbre ému sent sa fraîcheur.

Le ramier trouve une voix douce,
Écho de son gémissement,
Toute résistance s'émousse,
Et l'inconnu devient l'amant.

Vous devant qui je brûle et tremble,
Quel flot, quel fronton, quel rosier,
Quel dôme nous connut ensemble,
Perle ou marbre, fleur ou ramier ?

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal , 1861

I. - Bénédiction

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,

Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,

Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes

Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié:

- "Ah! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,

Plutôt que de nourrir cette dérision!

Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères

Où mon ventre a conçu mon expiation!

Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes

Pour être le dégoût de mon triste mari,

Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,

Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,

Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable

Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,

Et je tordrai si bien cet arbre misérable,

Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés!"

Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,

Et, ne comprenant pas les desseins éternels,

Elle-même prépare au fond de la Géhenne

Les bûchers consacrés aux crimes maternels.

Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,

L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,

Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange

Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.

Il joue avec le vent, cause avec le nuage,

Et s'enivre en chantant du chemin de la croix;

Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage

Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.

Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,

Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,

Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,

Et font sur lui l'essai de leur férocité.

Dans le pain et le vin destinés à sa bouche

Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats;

Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,

Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.

Sa femme va criant sur les places publiques:

"Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,

Je ferai le métier des idoles antiques,

Et comme elles je veux me faire redorer;

Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,

De génuflexions, de viandes et de vins,

Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire

Usurper en riant les hommages divins!

Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,

Je poserai sur lui ma frêle et forte main;

Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,

Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.

Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,

J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,

Et, pour rassasier ma bête favorite,

Je le lui jetterai par terre avec dédain!"

Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,

Le Poète serein lève ses bras pieux,

Et les vastes éclairs de son esprit lucide

Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:

- "Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance

Comme un divin remède à nos impuretés

Et comme la meilleure et la plus pure essence

Qui prépare les forts aux saintes voluptés!

Je sais que vous gardez une place au Poète

Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,

Et que vous l'invitez à l'éternelle fête

Des Trônes, des Vertus, des Dominations.

Je sais que la douleur est la noblesse unique

Où ne mordront jamais la terre et les enfers,

Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique

Imposer tous les temps et tous les univers.

Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,

Les métaux inconnus, les perles de la mer,

Par votre main montés, ne pourraient pas suffire

A ce beau diadème éblouissant et clair;

Car il ne sera fait que de pure lumière,

Puisée au foyer saint des rayons primitifs,

Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,

Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs!"

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II. - L'albatros, Les Fleurs du Mal 

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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Les Fleurs du Mal, XXIX. - Une charogne

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,

Ce beau matin d'été si doux:

Au détour d'un sentier une charogne infâme

Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,

Brûlante et suant les poisons,

Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique

Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,

Comme afin de la cuire à point,

Et de rendre au centuple à la grande Nature

Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe

Comme une fleur s'épanouir.

La puanteur était si forte, que sur l'herbe

Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,

D'où sortaient de noirs bataillons

De larves, qui coulaient comme un épais liquide

Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,

Ou s'élançait en pétillant;

On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,

Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,

Comme l'eau courante et le vent,

Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique

Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,

Une ébauche lente à venir,

Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève

Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète

Nous regardait d'un oeil fâché,

Epiant le moment de reprendre au squelette

Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,

A cette horrible infection,

Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,

Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,

Après les derniers sacrements,

Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,

Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine

Qui vous mangera de baisers,

Que j'ai gardé la forme et l'essence divine

De mes amours décomposés!

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Mallarmé, « Ses purs ongles », symbolisme, fin du XIXe siècle, hermétisme

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,
L'Angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,
Main rêve vespéral brûlé par le Phénix
Que ne recueille pas de cinéraire amphore

Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d'inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s'honore).

Mais proche la croisée au nord vacante, un or
Agonise selon peut-être le décor
Des licornes ruant du feu contre une nixe,

Elle, défunte nue en le miroir, encor
Que, dans l'oubli fermé par le cadre, se fixe
De scintillations sitôt le septuor.

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F. Ponge,  « LE CAGEOT », 

                               A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, 
simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la 
moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
                               Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans 
effort, il ne sert pas deux fois.  Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées 
fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
                               A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de 
l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être 
dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme 
des plus sympathiques, – sur le sort duquel il convient toutefois de ne pas 
s'appesantir longuement.

Francis PONGE, Le Parti pris des choses

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Rilke, Lettres à un jeune poète (1903-08)

Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personalité s'affirmira, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres.

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 Programme de travail 

22 sept : "Venus Anadyomène" , exposé sur le Romantisme 

24 sept : exposés Parnasse et Symbolisme 

26 sept : "Voyelles"

29 sept : Lettre à Izambard, "Alchimie du Verbe" exposé sur Baudelaire et Les Fleurs du Mal 

30 sept : "Le Bateau ivre"

1 oct : exposé le Surréalisme 

3 oct : rendre le commentaire sur "Les Etrennes des orphelins", "Aube" 

6 oct : Devoir sur table, questions d'analyse approfondies (type axes de commentaire)

 

les textes

Liens utiles

Le texte :

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-101484

sur gallica, index à gauche des poèmes

http://un2sg4.unige.ch/athena/rimbaud/rimb_sai.html

une saison en enfer

http://un2sg4.unige.ch/athena/rimbaud/rimb_ill.html

les Illuminations  

Documents :  

http://abardel.free.fr/petite_anthologie/le_bateau_ivre.htm

une excellente anthologie commentée, le lien ouvre sur le bateau ivre, retourner ensuite à l'accueil

http://www.mag4.net/Rimbaud/index.html

site très riche, en particulier présente bcp de photos, de dessins, et des documents dont des lettres, et les pièces de l’affaire de Bruxelles.

Une partie consacrée à Verlaine. Textes avec illustrations (peintures essentiellement), bibliographie. 

http://users.skynet.be/arthurrimbaud/Frameset.htm

autre site très riche, et bien agencé : bcp de documents, un menu différent pour chaque voyelle. Petit quizz, cartes virtuelles, fonds d’écran …  

http://www.amisderimbaud.com/index.php?url=10

biographie sur le site des Amis de Rimbaud, dirigé par P. Brunel.

http://www.ac-reims.fr/ia08/Rimbaud/index.php?adr=biographie.php

biographie plus complète sur un site académique  

http://www.ac-reims.fr/ia08/Rimbaud/index.php?accueil.php

site sur Rimbaud, de l’académie de Reims, très bien documenté : photos, biographie …

http://www.poetes.com/rimbaud/index.php

présentation originale de poèmes mis en situation. Le site concerne aussi d’autres poètes.  

http://www.rimbaud-arthur.fr

site très stylisé réalise pour le 150e anniversaire de la naissance de Rimbaud, esthétique mais peu utile.

http://www.azurs.net/arthur-rimbaud/

propose un parcours dans l’œuvre au fil des couleurs. Présentation de la correspondance.

http://www.philagora.net/rimbaud/

présentation des Illuminations sur Philagora. Bcp de publicités.

http://www.chantiers.org/rimbaud.htm

non : je ne lirai pas Arthur Rimbaud, article de H. Freibach 

http://perso.wanadoo.fr/paul-verlaine/paul-verlaine/rencontreverlaine-rimbaud.htm

sur un site consacré à Verlaine, histoire de leur relation.

 

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